Pierre Bouillon, un jeune ingénieur navigant, a travaillé sur des prototypes aéronautiques innovants à Courbevoie. Son implication dans le développement de l’aviation s’est tragiquement terminée en 1949 lors d’un crash d’essai du SE-1010. Son parcours à Courbevoie symbolise l’esprit pionnier et les risques de l’aviation naissante de cette époque.
Pierre Bouillon faisait partie de l’équipage du SE-1010 quadrimoteur de reconnaissance stratégique qui effectuait en 1949 un vol d’essai en vol au-dessus de Carcès.
Il était Ingénieur navigant pour ce 34ème vol, qui comportait en tout 6 membres d’équipage. Pour des faits mal connus, le prototype se mit en vrille, incontrôlable, et se disloqua au sol. Tous furent tués.


Récemment sorti de l’Ecole des Arts et métiers, Pierre Bouillon n’avait que 24 ans quand son appareil s’écrasa lors d’un vol d’essai. Comme le rapportait le journal Var-Matin, dans un long article sur cette catastrophe : « Ces héros ont payé de leurs vie le renouveau de l’aviation française ».
On oublie parfois qu’à l’époque, l’informatique et les simulateurs étaient rares. Les inventions et évolutions aéronautiques se testaient avec des essais réels.
Les ingénieurs calculaient, on construisait, puis on montait dans l’appareil pour procéder aux essais. Les échecs étaient analysés et on corrigeait les défauts.
Le nombre des pilotes d’essais et des équipages tués en vol dans l’après-guerre est impressionnant.

Photo Var-Man. 2015. BNF Gallica
Var-Matin précise : «Le Léo-45 sa mission terminée, s’en retourne à sa base. Gannivet et Henri Vanderpol, le pilote du 1010, se saluent mutuellement d’un geste de la main à travers le hublot de plexiglass. Quelques minutes plus tard, le 1010, en configuration deux moteurs coupés du même bord à une altitude 1500 mètres, part en vrille à plat et s’écrase en à peine 20 secondes dans un champ de vignes aux abords de Carcès. Le rapport du bureau d’enquête conclura à une surcompensation de la gouverne de direction, qui échappa brutalement au pied du pilote(…) l’appareil devenu incontrôlable à cause de sa gouverne braquée à fond, exécutant 1/2 tonneau pour ensuite s’engager en une vrille à plat imparable ».
Le quadrimoteur SE-1010 était le seul prototype Français de ce type. Il était destiné à la reconnaissance stratosphérique et aussi à l’IGN (Institut Géographique National).
Trois autres exemplaires étaient en cours de construction. Une fois l’unique exemplaire d’essai détruit, le projet fut définitivement abandonné, et les avions en cours ont terminé à la ferraille.
Cet accident marqua les esprits. Les articles se sont multipliés, les cérémonies, les anniversaires de l’événement se sont succédés. Carcès a aménagé une stèle sur les lieux de l’accident, régulièrement visitée.

Ici est tombé le 1er octobre 1949 au cours de son trente quatrième vol d’essai l’avion prototype S.E 1010
À la mémoire de son équipage :
Vanderpol Henri, pilote
Agliani Sylvio, ingénieur
Bouillon Pierre, ingénieur
Pillet Ferdinand, mécanicien
Rivet Marius, radio
Chasson Valery, mécanicien
Ils sont morts au service de leur pays et ont été cités à l’ordre de la nation pour leur conscience professionnelle et leur dévouement à la cause de l’aviation.
L’ingénieur Leblanc du C.E.V. aurait dû compléter l’équipage…mais arrive lorsque l’avion roule sur la piste. Il ne participera pas au vol.
Enterré à Courbevoie Pierre Bouillon rejoint la grande famille aéronautique qui honore sa mémoire.
Après l’aérostation avec Maurice Mallet et Paul Leprince puis les premiers appareils équipés de moteurs Anzani fabriqués à Courbevoie, la ville était déjà une terre d’aviation en 1914-1918.
Elle devient entre les deux guerres un des berceaux industriels de l’aéronautique : Potez, René Hanriot, Marcel Bloch -Dassault, la SNCASO, Bronzavia, Sud-aviation, Ateliers Air-France, Air équipement etc…
La tombe de Pierre Bouillon à Courbevoie évoque un destin prometteur, brutalement interrompu. On ne peut qu’être touché, en voyant le visage presqu’enfantin de Pierre Bouillon.
C’est sans doute, une des raisons pour laquelle sa sépulture est toujours si richement fleurie.
Bernard ACCART, Président de la SHC.