Pour l’essentiel, est reproduit ici l’article d’André Frogerais extrait de son site remarquablement documenté consacré aux industries pharmaceutiques :
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01645063v1/file/sjjmonographie-170127100738.pdf
La première machine automatique pour la chocolaterie est construite en 1778, c’est un
moulin à cacao. En 1830 G.Hermann fabrique la première broyeuse avec des cylindres en
granit, de nombreuses machines sont produites pour l’industrie du chocolat en Europe et
aux Etats-Unis. Elles permettent de réaliser automatiquement des opérations au préalable
manuelles sans interruption, sans main d’œuvre spécialisée, de façon pratique et
économique.
La demande pour des machines destinées aux industries alimentaires (confiserie et
boulangerie), pharmaceutiques, chimiques, et cosmétiques est de plus en plus importante.
En 1895, Alfred Savy et son frère Emile reprennent la société G.Herman, Debatiste et
Greiss puis en 1902 les entreprises Beyer Fréres et Wallois. M.Wallois est le successeur
d’Henri Nègre le pionnier des machines pour la fabrication des produits pharmaceutiques,
cette activité cesse dans les années vingt. L’entreprise est installée 160 rue de Charenton
à Paris.
En 1903 le chocolatier Ernest Magniez d’Amiens dépose deux brevets concernant des
machines pour la production de chocolats fourrés, le premier n° FR 332 047 A du
13/10/1903 concerne une démouleuse et le second n° FR 334 660A du 29/12/1903 une
enrobeuse : les intérieurs pénètrent dans un rideau de chocolat liquide qui les recouvre.
Ces machines sont construites à partir de 1908 par Alfred Savy, le succès de l’enrobeuse
dénommée 308 est international.
En 1902, il s’associe avec son beau-frère Louis Numa Jeanjean, l’entreprise est baptisée
Anciens Etablissements A.Savy, Jeanjean et Compagnie, ils sont les leaders des machines
pour la chocolaterie.

L’entreprise est prospère, elle dispose d’agents à Hambourg, Dresdes, Moscou, Varsovie,
Buenos Aires et de filiales en Grande Bretagne à Manchester et aux Etats-Unis à
Springfield en collaboration avec National Equipment Co of America. Elle déménage à
Courbevoie, avenue Dubonnet, les ateliers couvrent 15.000 m2 et l’usine emploie 500
personnes.
Alfred Henri Savy est né en 1866 à Croix (Nord), il est ingénieur de l’Institut du Nord
(1887), il est marié à Mathilde Jeanjean. C’est une personnalité, il est membre du jury des
expositions universelles de Saint Louis (1904) et Gand (1913), ce qui lui vaut d’être
chevalier (1906) puis officier de la Légion d’honneur (1914). Il réside 68 bis boulevard
Maillot à Neuilly Sur Seine. Pendant la Première Guerre mondiale il est attaché militaire à
Londres, son fils Pierre Edouard, pilote d’escadrille, se tue aux commandes de son avion le 6
avril 1917.
« Pendant la guerre les usines de Courbevoie ont apporté leur concours à la défense nationale exécutant de nombreuses machines pour les cartoucheries, les poudreries et le matériel chimique de guerre. Ces usines ont été agrandies et dotées d’un puissant outillage moderne qui leur permet de faire face aux importants besoins qui se révèlent partout – tant pour la réfection des régions libérées que pour l’adaptation de l’outillage économique aux progrès de la technique moderne. » (Le Matin, 17 mai 1919)
Louis Jeanjean est né à Paris en 1871, il est ingénieur, chevalier de la Légion d’Honneur en
1923 et officier du Mérite Agricole.
En 1920 Alfred Savy conclut un accord avec le britannique Joseph Baker qui reprend la
filiale anglaise. Ils se représentent mutuellement, des machines sont construites à la fois
en France et en Grande Bretagne, ils déposent des brevets en commun.
Ils sont les agents des mélangeurs allemands Werner & Pfleiderer de Cannstatt ( Stuttgart
-Wurtemberg), les inventeurs des mélangeurs horizontaux avec palles en Z utilisées dans
les industries chimiques et alimentaires et des machines de conditionnement britannique
Forgrove.
Les appareils sont très spécialisés: fours, malaxeuses, broyeuses, emmouleuses, enrobeuses, glaceuses, fourreuses, batteuses et autres.
Ils participent à toutes les expositions universelles.
En 1922, les services administratifs s’installent 1 bis et 3 boulevard de Magenta à Paris, le
rez-de-chaussée sert de hall d’exposition, le capital de l’entreprise est de 5.000.000 de
francs.
Au début des années trente, l’activité ralentit suite à la crise économique, Baker Perkins prend une participation au capital et entre au conseil d’administration, l’entreprise renoue avec la prospérité à partir de 1935. En 1936, Albert Savy se retire, il est nommé Président d’honneur, il décède à Cannes en février 1937, son fils Robert Savy lui succède.
Avec la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise va traverser une période très difficile.
L’activité cesse pratiquement pendant l’occupation, l’entreprise n’a plus accès aux
matières premières indispensables à la fabrication des machines, ses clients travaillent au
ralenti et elle n’a plus de contact avec ses clients et commettants étrangers, les actions
de Baker Perkins sont mises sous séquestre. L’usine est bombardée le 15 septembre1943
par l’aviation alliée, son directeur Georges Lehmann est déporté et meurt dans le camp
d’extermination de Sobitor (Pologne) en mars 1943.
A la Libération, l’activité redémarre et l’entreprise renoue avec la prospérité, le secteur
de la biscuiterie se développe. Louis Jeanjean décède à Paris en 1956. A la mort de Robert
Lévy à la fin des années cinquante, l’entreprie est rachetée par le groupe italien Carle et
Montanari.
En 1974, la société prend le nom de Savy Life, elle est racheté en 1983 par la société
Goiseau située à Vernouillet (Yvelines), elle est rebaptisée Savy-Goiseau.