Maurice Jaguenaud est né le 19 février 1882 à Courbevoie. Il n’est pas militaire de carrière mais il a participé à la guerre de 1914-1918 et a effectué comme pilote de nombreuses missions d’observation et de reconnaissance aérienne.
Maurice Jaguenaud est titulaire de la Croix de Guerre 1914-1918, de la Médaille Militaire et a été promu Officier de la Légion d’Honneur. La Médaille d’Or des Vielles Tiges lui a également été attribuée en 1973. Fidèle à cette association, une palme sur sa sépulture rappelle cette appartenance.
Le combat
En 1911, le jeune Maurice a 19 ans quand il est appelé sous les drapeaux. Il passe son brevet de pilote civil, puis militaire. Il fait partie de l’escadrille MF 16, commandée par le capitaine Mauger de Varennes et stationnée à Mourmelon dès le 1er janvier 1914.
Il est à Verdun le 7 aout 1914, avec des missions de reconnaissance, de lancer de « fléchettes » et d’obus de 155. Il part pour Mourmelon puis va à Compiègne où l’escadrille est accueillie chaleureusement par les pilotes anglais.
Le 4 septembre, il se trouve à Tremblay-Les-Gonesse. Les opérations de reconnaissance se multiplient, plusieurs fois par jour. Les Allemands passent au sud de la Marne. Les pilotes lancent des obus de 155 en particulier sur les ponts. Pour alléger l’appareil, les vols se font parfois sans observateur, avec uniquement le pilote.
La revue Pionniers donne une description de ce moment de la bataille de la Marne, qui fut un temps fort pour Maurice Jaguenaud :
« le 6 septembre, avec le capitaine Bellanger comme observateur, une batterie allemande de gros calibres est repérée, et le lendemain, au cours d’une reconnaissance, Jaguenaud aperçoit les Allemands qui font route vers le nord, et après avoir rendu compte au commandant d’escadrille, ce dernier l’emmène avec lui en voiture à Monthion à l’état-major de la 6e armée, où le général qui les reçoit refuse de croire à l’exactitude du renseignement de première importance apportée par Jaguenaud.(…).
Il faudra, avec un certain retard, que ce qu’avait vu Jaguenaud soit confirmé par le capitaine Wateau, partie du Bourget, afin que l’Etat-Major prenne les décisions nécessaires pour que la bataille de la Marne se termine par une victoire française ».
Un autre jour, le 19 décembre, les commandes de direction ayant été coupées, avec pour observateur le lieutenant Kohn, ils ont réussi à continuer le combat, malgré un appareil difficile à contrôler, et à le ramener dans nos lignes.
Les avions de l’escadrille M.F. 16
En 1913, l’escadrille 16 mobilisée au camp de Châlons était équipée de sept appareils Maurice Farman MF7. Le FM 7 comme son évolution le FM 16, sont l’archétype des « Vieilles Tiges », puisqu’ils sont inspirés de l’appareil Voisin ayant effectué en 1909 le premier kilomètre en circuit fermé.
Malgré cela, le 14 août 1914, plusieurs appareils de l’escadrille MF 16 M7 furent les premiers appareils à effectuer une mission de représailles en raison du bombardement de Lunéville par des avions allemands. Maurice Jaguenaud était présent.
Une chose est frappante, c’est la vulnérabilité du pilote. Il trône sur son siège de façon à bien observer, à effectuer un bombardement précis, mais la notion de combat aérien était considérée à l’époque, par certains, comme utopique, une vue de l’esprit.
Quelle différence avec les combats de 1940 !
Un certain Capitaine Accart avait l’habitude avant d’aller au combat de baisser au maximum son siège, position inconfortable mais réduisant au minimum la probabilité de recevoir une balle mortelle.
Lors de nombreux combats, cette précaution lui sauva la vie : ainsi, dans une rencontre en face à face, l’éclair du tir ennemi fit baisser la tête du capitaine. Une balle perça le milieu de son cockpit, longea la colonne vertébrale et s’enfonça au milieu du siège du pilote… Le pilote n’eut que des éclats de pare-brise dans le visage.
Les avions Farman étaient lents, ce qui permettait aux pilotes allemands d’augmenter d’autant leurs scores !
Un appareil MF.7 fut exposé aux invalides. Pris pour cible, il en était revenu avec 400 traces de projectiles et de multiples blessures !
Les grades successifs de Maurice Jaguenaud furent les suivants :
- Sous-lieutenant en 1914
- Lieutenant en 1916
- Capitaine en 1918
Il fut démobilisé en 1919. De retour dans le civil, il abandonna tout contact avec l’armée.
Maurice Jaguenaud vécut jusqu’à l’âge de 89 ans. Il décède le 28/12/1981 à Paris XVIIème arrondissement et est inhumé le 21/12/1981 au cimetière des Fauvelles à Courbevoie. (Sépulture Daroux).
Bernard Accart, Président de la Société Historique de Courbevoie.
Crédit Photo à la Une : Appareil Maurice Farman MF 7 utilisé par Maurice Jaguenaud en 1914 ICARE BFN Gallica