Lubin, parfumeur des rois

Pierre-François Lubin, l’un des plus grands parfumeurs, est le fondateur de la parfumerie moderne.

Né en 1774, il est initié à la parfumerie dès 1784 par le célèbre parfumeur originaire de Montpellier Jean-Louis Fargeon, dont l’atelier était proche du domicile de ses parents.

Il devint le dépositaire des recettes de beauté des plus hautes dames de la Cour.

Fargeon était en effet le parfumeur attitré de la Reine Marie-Antoinette, et son jeune apprenti livrait à la reine quotidiennement ses colis.

En 1792 le jeune Lubin quitta cependant Paris et l’agitation révolutionnaire, pour rejoindre à Grasse l’atelier du maître parfumeur Tombarelli, qui l’initia à la méthode italienne, importée de Florence deux siècles plus tôt.

Fournisseur des têtes couronnées

Après la Révolution, Lubin ouvrit près du Palais Royal à Paris sa première boutique, baptisée « Au Bouquet de Roses », un hommage discret à la Reine. Ses créations étaient particulièrement appréciées des premiers dandies apparus dès la fin de la Terreur, “les Incroyables” et “les Merveilleuses”.

Sensible à la mode de son époque, l’impératrice Joséphine, épouse de Napoléon 1er, devint adepte des compositions du jeune parfumeur.

La sœur de l’empereur, Pauline Bonaparte, devenue par son mariage princesse Borghèse, donna même son nom à une de ses compositions, le « bouquet Borghèse ».

Quand les Bourbons reviennent sur le trône en 1815, Lubin revendique sa qualité de détenteur des secrets de beauté de l’ancienne cour de France. Le brevet du duc d’Angoulême, lui permet de rebaptiser sa boutique « Aux Armes de France ».

Grâce à cet illustre patronage, Lubin devint rapidement le parfumeur favori de nombreuses cours européennes. En 1821, il devient le fournisseur attitré du roi d’Angleterre George IV, et en 1823 celui du grand Tsar de Russie Alexandre 1er.

C’est pendant le règne de la dernière Reine des français, la Reine Marie-Amélie, épouse du roi Louis-Philippe, arrivé sur le trône en 1830, que Pierre Francois Lubin reçoit enfin, en 1834, le brevet officiel de « fournisseur de la cour Royale de France ».

La Maison Lubin reprise par Felix Prot et fils

En 1844, la Maison Lubin devint la propriété de Felix Prot. Ancien apprenti de Lubin, il avait travaillé pendant 20 ans auprès du fondateur, qui le considérait comme son héritier spirituel.

Félix Prot développa un réseau de diffusion international. Il construisit aussi la première usine moderne de parfumerie à Cannes, sur la Côte d’Azur, qui ouvrit ses portes en 1873.

Pour la première fois, des machines à vapeur étaient utilisées pour l’extraction d’essences destinées à la parfumerie.

Paul Prot, son fils, prit la succession en 1885. Visionnaire et avant-gardiste, il parlait couramment anglais et allemand, qualité rare chez un français de la fin du 19ème siècle.

Paul Prot eut une carrière éblouissante, qui s’étendit sur plus de 50 ans. Il voyagea dans le monde entier et bâtit un réseau international de correspondants, permettant à la Maison Lubin d’acquérir une renommée mondiale.

La fabrique à Courbevoie

En 1900, Paul Prot ouvrit aussi une fabrique de parfums et de savons 72 boulevard de Verdun à Courbevoie.

Elle était à cette époque la plus grande unité de production de parfumerie en France. Ses fils Marcel et Pierre Prot prirent le relais à la tête de la société au début des années 1920.

L’implantation en Amérique

L’implantation de Lubin en Amérique avait commencé dans les années 1830, lorsque son premier représentant aux USA, Theo Studley, basé à New York, en prit la charge.

Dotée de succursales à la Nouvelle-Orléans et à Saint Louis, Lubin avait la faveur des familles aristocratiques du Vieux Sud, en plus des élites de la Côte Est.

Les 30 années suivantes furent l’âge d’or de Lubin aux USA, jusqu’à la Grande Dépression de 1929. La branche américaine fut fermée en 1930.

Malgré les difficultés économiques, Nuit de Longchamp fut lancé en 1937.

Après-guerre

Les fils de Marcel et Pierre Prot, André et Paul, reprirent la direction de Lubin à la fin de la guerre, en 1945.

Gin Fizz, créé en 1955 par le grand parfumeur Henri Giboulet, en hommage à Grace Kelly, fut un immense succès.

Paul et André Prot conservèrent les rênes de la Maison jusqu’à la fin des années 1960, et connurent à nouveau le succès avec l’Eau Neuve en 1968.

A la fin du 20ième siècle, Gilles Thévenin, avec le soutien de deux fils de Paul Prot, prend en main la maison Lubin.

 

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