Louis des Salles (1889-1918), aviateur

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Connaissez vous Louis des Salles, aviateur enterré au cimetière de Courbevoie, mort pour la France à l’âge de 29 ans ? Nous lui rendons hommage.

La sépulture de Louis des Salles se trouve dans l’ancien cimetière de Courbevoie. Elle est située près de L’église St Pierre-St Paul, au début de la rue Saint Denis. En s’avançant dans celle-ci, en entrant sur la gauche, par la place des  Trois frères Rocquigny.

Louis des Salles repose parmi les siens dans la sépulture Rouger de la Plane. Sur la stèle figure cette inscription :
« A la mémoire de LOUIS DES SALLES, aviateur, mort pour la France le 27 mai 1918 à l’âge de 29 ans. »

Dans l’ouvrage « Deux siècles à Courbevoie, À l’ombre d’une maison : l’Hôtel de Guines » d’Henri de Frémont donne la parole à François des Salles, le père du pilote :

« Les autorités découvrirent alors sa qualité de mécanicien qualifié : aussitôt, il fut rappelé comme «affecté spécial » dans une usine proche de chez nous. Mais il demanda aussitôt sa mutation pour l’aviation… demande aussitôt satisfaite, car nous manquions cruellement de pilotes. Peu après, le 19 septembre 1916, il recevait son «brevet d’aviateur militaire» n° 4534. Sans cesse je m’inquiétais, car les pertes étaient lourdes dans cette arme, et je supposais ces sorties fréquentes et dangereuses. Après un stage de mécanicien pour bien connaître ces machines, il vole enfin. Le 10 septembre 1917, il fut proposé au grade de sergent – décerné le 15 janvier suivant – avec la «note d’appréciation» suivante :

  » Pilote remarquable sur avion Schmitt, précis, calme, audacieux et d’un grand sang-froid. Toujours prêt à marcher dans toutes les conditions. D’une grande modestie, est très intelligent, fera un très bon gradé. Dernier arrivé à la 128 (escadrille), a déjà accompli deux bombardements, une reconnaissance, un barrage. Dix heures de vol sur l’ennemi pour un total de onze heures cinquante-cinq de vols « .

« La fierté paternelle ne suffisait pas à me rassurer. Mais le choc fut profond lorsqu’un de ses amis, capitaine d’aviation, m’écrivit le 27 mai 1918 : mitraillé à trois milles mètres d’altitude, son appareil était tombé en flammes vers l’Aisne.

Ma mère supporta très mal cette perte à cinq mois de l’armistice. Agé de quatre-vingt-deux ans elle déclina doucement et s’éteignit, rongée de chagrin, le 4 octobre de l’année suivante, heureuse d’aller retrouver ses chers disparus : son fils aîné et son petit-fils.

Louis des Salles, 3 citations à l’ordre de l’Armée, dont l’avant-dernière comportant l’attribution de la croix de guerre avec palme : 

« Pilote remarquablement doué, exemple de courage, d’audace et de sang-froid. A effectué dans des circonstances parfois défavorables de nombreux bombardements de jour, dont l’efficacité a pu être constatée, en particulier les 18 août et 30 septembre 1917, où de violents incendies furent allumés sur des objectifs importants. Au cours d’un bombardement attaqué par 5 avions allemands, il a réussi par son adresse et son sang-froid à leur faire abandonner le combat et à rentrer en franchissant ses lignes à 300 mètres d’altitude sous le feu des mitrailleuses » (28 mars 1918) ».

Il existe à Courbevoie une Rue des Salles, dont l’origine est la suivante :

À la Révolution, Courbevoie n’était encore qu’un petit bourg mais il comprenait sur son territoire de nombreux châteaux et belles demeures. Ces bâtiments disposaient de vastes parcs.

À la fin de la royauté, la Révolution industrielle métamorphosa ce paysage et les grands parcs furent morcelés. Le réseau viaire de la ville raconte l’évolution de cet urbanisme.

En effet les routes principales contournant ces grands domaines sont restées, les lotissements nécessitaient des réseaux secondaires. Sur le « cadastre Napoléon »  on voit L’Hôtel de Guînes  et son parc avec une grande allée arborée centrale. Le vaste parc a été amputé pour construire un lotissement avec deux nouvelles voies que l’on aperçoit ci-dessous.

Cadastre Napoléon de 1853, en bas la caserne Charras, au-dessus le vaste quadrilatère avec « la grande demeure » à droite et la grande allée centrale le trait perpendiculaire trace à peu près la nouvelle limite du parc.

Cette demeure était située en centre-ville, d’une ville en pleine croissance.

La Mairie trouva là un espace idéal à acquérir, ce qui ne manqua pas de créer une tension entre des intérêts contradictoires. Finalement, un vaste terrain fut cédé. Mais le propriétaire demanda que l’on baptise ces deux rues du nom de deux êtres chers ayant vécu à l’Hôtel de Guînes. C’est ainsi que naquit ces deux rues : La « rue Des Salles » et la « rue Visien ».

En haut, la rue des Salles. En dessous la rue de Visien, au milieu du lotissement. A droite le restant du parc et l’hôtel de Guînes à la suite. En bas à gauche, le bout de la rue de l’Alma rejoint la rue Baudin (en jaune) Ancienne rue de la Caserne. Google Earth

Bernard Accart, Président de la Société Historique de Courbevoie.