Les 150 ans de la Commune de Paris

Paris incendié . Mai 1871

Après la guerre de 1870, la Commune de Paris, la plus importante des communes insurrectionnelles de France, dura 72 jours du 18 mars au 28 mai 1871.
Courbevoie, cité proche du Mont Valérien, située entre Versailles et Paris, sur un coteau stratégique possède un point clé : le Pont de Neuilly, le Pont Bineau ayant été détruit durant la guerre de 1870. Point d’interface entre les Versaillais et les fédérés, Courbevoie, Puteaux et surtout Neuilly subirent fortement cette guerre civile.

Cette synthèse sur la Commune de Paris est composé de deux parties : 

  1. La première va de l’Armistice du 28 janvier 1871 à la proclamation de la commune.
  2. La deuxième partie de cette proclamation à la fin de la Semaine Sanglante.
Le Rond-Point de Courbevoie ( La Défense) Par Robida.
Le Rond-Point de Courbevoie ( La Défense) Par Robida. Librairie Clavreuil , Librairie Scheler 1971

1. Première partie : De l’Armistice du 28 janvier 1871 à la proclamation de la Commune de Paris

La délocalisation du Conseil municipal à Paris

Dès septembre 1870, après la proclamation de la Troisième République et à cause de l’avancée des troupes prussiennes sur la Capitale, le Conseil Municipal de Courbevoie ( dont Charles Blondel fut Maire de 1865 à 1872) se délocalise à Paris.

Les habitants vont également se mettre à l’abri des murailles parisiennes. Durant cette période de guerre et de siège, le rôle du Conseil Municipal va être essentiellement social car tourné vers l’attribution de secours, d’aides pécuniaires et en nature aux déshérités, de logements et même d’emplois. Les délibérations mettent l’accent sur la nécessité de fournir des vêtements et surtout des chaussures, tant l’essentiel manque durant l’hiver.

Il ne faut pas oublier la contribution aux efforts de guerre et le logement des troupes françaises dans les maisons provisoirement désertées durant la première partie du conflit.

La signature de l’Armistice le 28 janvier 1871 à Versailles et ses conséquences

La signature de l’Armistice le 28 janvier 1871, après de difficiles négociations, est diversement ressentie par les Parisiens. Les modérés se félicitent de la fin du conflit. Par contre, les partisans des courants républicains et révolutionnaires exigent « la guerre à outrance« .

Après avoir subi la guerre avec le blocus, le siège de Paris, les bombardements prussiens, la famine et les rigueurs d’un hiver exceptionnellement froid, comment accepter la défaite? Toutes ces privations, tout cet héroïsme pour en arriver là et baisser les bras?

La colère recommence à gronder, d’autant que Paris est coutumier des révoltes et des insurrections. 1848 est présent dans les mémoires et l’affiche rouge placardée le 6 janvier 1871 par l’Organisme Central des Comités de Vigilance atteste des désaccords au sein de la République proclamée le 4 septembre 1870 après la chute du Second Empire.

« La politique, la stratégie, l’administration du 4 septembre continuées de l’Empire sont jugées. Place au Peuple – Place à la Commune »

Les courants républicains et révolutionnaires parisiens (radicaux, jacobins, Blanquistes, Proudhoniens, anarchistes) forment un mélange explosif qui utilise le désarroi et le sentiment d’humiliation des Parisiens. Ces dissensions ont déjà conduit à des journées révolutionnaires durant le conflit, dont la dernière intervenue le 22 janvier pour imposer la Commune.

L’Armistice entraîne le désarmement des forts entourant la Capitale, la réduction de la garnison parisienne et la formation d’un gouvernement légal investi par une nouvelle Assemblée Nationale pour engager les négociations de paix (214 orléanistes, 182 légitimistes et 20 bonapartistes sur 638 sièges).

Les élections de l’Assemblée nationale du 8 février 1871

Les élections des membres de l’Assemblée nationale se déroulent le 8 février et les résultats donnent la majorité aux conservateurs et aux monarchistes grâce aux votes de la province (votes ruraux) qui aspire à la paix. Le Paris républicain ne peut s’en satisfaire.

Thiers élu le 17 février 1871 chef du pouvoir exécutif. Hist. De la Rév 70-71 par jules Clarette. 1872. Coll. BA.
Thiers élu le 17 février 1871 chef du pouvoir exécutif. Hist. De la Rév 70-71 par jules Clarette. 1872. Coll. BA.

Le 17 février, un nouveau gouvernement s’installe à Bordeaux et Thiers est élu Chef du Pouvoir exécutif avec la mission de négocier les préliminaires de paix avec Bismarck.

Un décret relatif à la solde quotidienne des Gardes Nationaux (30 sous) subordonne celle-ci à la présentation d’un certificat d’indigence. Il exclut l’immense majorité des Gardes Nationaux d’origine modeste désormais privée de revenus.

Cette décision augmente encore le mécontentement et aboutit dès le 24 février à une manifestation à la Bastille des Gardes Nationaux bientôt rejoints par des soldats de l’armée régulière.

Note : La Garde Nationale, différente de l’armée régulière, représente une force importante de 250.000 hommes issus de toutes les classes sociales. Ses membres sont recrutés, organisés par quartiers, armés et élisent leurs chefs depuis le 11 août 1870. 

Conséquences de l’occupation allemande

L’armée d’occupation s’installe hors les murs. L’officier commandant un corps de Prussiens cantonné à Courbevoie depuis le début de février, procède à des réquisitions de matériel et exige le versement quotidien de frais de bouche pour chaque officier.

Une contribution de guerre est demandée par les Prussiens à la ville de Courbevoie, comme à toutes les communes suburbaines, malgré une contribution de 200 millions de francs supportée par Paris.

Dès le 28 février, de nouvelles exigences allemandes officialisent la perte de l’Alsace et de la Lorraine, l’occupation des troupes jusqu’à la signature du traité de paix, sans oublier le versement d’une indemnité de 5 milliards de franc-or.

La population parisienne ignore que les préliminaires de paix sont signés depuis le 26 février (ratifiés le 1er mars) et s’attend à voir les troupes allemandes investir la Capitale.

Il règne à Paris une grande confusion entretenue par les rumeurs et les fausses nouvelles.

Les 227 canons appartenant à la Garde Nationale (financés par une souscription populaire pendant le siège) sont hissés à bras d’hommes et de femmes sur les hauteurs de Montmartre et de Belleville pour éviter la réquisition.

Le premier mars, 30 000 soldats allemands défilent sur les Champs Élysées déserts jusqu’à la Place de la Concorde et se retirent dans l’ordre, comme convenu dans les préliminaires de paix.

La marche vers le conflit

Dès le 4 mars, l’Assemblée nationale de Bordeaux adopte une attitude hostile vis-à-vis de la Capitale et des troupes sont envoyées sur Paris avec la mission de reprendre la situation en main.

Les mesures sociales prises durant le siège concernant les moratoires sur le paiement des loyers, les effets de commerce et les dépôts au Mont-de-Piété sont annulées sur décision de l’Assemblée nationale.

L’idée d’une république démocratique et sociale tant attendue par les ouvriers parisiens s’éloigne.

L’Assemblée nationale quitte Bordeaux le 11 mars et s’installe à Versailles; Thiers est acclamé lors d’un discours dans lequel il souligne le caractère provisoire du régime républicain parisien et confirme l’envoi de renforts vers Paris.

« Quand je fus chargé des affaires, j’eus immédiatement cette double préoccupation de conclure la paix et de soumettre Paris »  A.Thiers

Le Chef de l’Exécutif ne peut en effet admettre la résistance de Paris à une assemblée élue régulièrement, résistance se déroulant sous le regard des Allemands.

Avec l’installation de l’Assemblée nationale à Versailles (précédemment QG prussien), Paris perd son statut de Capitale.

Pour Thiers, les préliminaires de Paix ayant été signés et ratifiés, il ne reste plus qu’à résoudre le problème parisien.

L’affaire des canons de Montmartre « met le feu aux poudres »

Les canons ramenés à la Mairie de Montmartre
Journée du 18 mars. Les canons d’abord repris par la troupe puis ramenés à la Mairie de Montmartre. BNF Gallica

Une proclamation est affichée, appelant Parisiens à la raison et annonçant la récupération des canons.

Thiers craint en effet qu’un incident se produise et remette en cause l’Armistice et les préliminaires de paix. Le retour à l’ordre devient impératif.

Le 18 mars à l’aube, les soldats sous le commandement du Général Lecomte se dirigent vers Montmartre pour prendre possession des canons entreposés. Les attelages tardant à les rejoindre, l’effet de surprise fait long feu. Très rapidement, la foule  et les Gardes Nationaux investissent les lieux et s’opposent aux soldats qui bientôt fraternisent.

Le Général Lecomte est capturé ainsi que le Général Thomas. Ils seront fusillés dès l’après-midi.

Fusillade des généraux Lecomte et Thomas
Les généraux Lecomte et Thomas fusillés par les Fédérés. BNF Gallica

Une seconde colonne dirigée vers Belleville est également stoppée. Des barricades sont érigées et l’insurrection commence.

Thiers ordonne l’évacuation de Paris par la troupe et rejoint Versailles.

Les lieux stratégiques de Paris sont investis : Préfecture de Police, Hôtel de Ville, ministère de la Justice, casernes et poudrière. Une offensive des fédérés sur Versailles est envisagée puis l’idée est abandonnée.

A deux reprises, une délégation de modérés incluant Georges Clémenceau se rend à Versailles pour présenter les revendications parisiennes à l’Assemblée nationale et tenter une conciliation, en vain.

En effet, les députés majoritairement conservateurs souhaitent le retour d’un régime stable.

« Nous sommes pris entre deux bandes de fous ». Clémenceau

A Paris, des affrontements entre partisans du gouvernement et Gardes Nationaux font des victimes.

Après ces accrochages, le Comité Central de la Garde Nationale décide d’organiser des élections le 26 mars.

De nombreuses listes présentées par toutes les tendances (comités de vigilance, courants républicains et révolutionnaires, etc.…) sont mises en concurrence et le scrutin met en évidence une très forte abstention, qui profite aux arrondissements des populations ouvrières du Nord-Est (« les communeux »).

Les « communeux » obtiennent la grande majorité des suffrages contre le parti des maires représentant le courant modéré.

La Commune est solennellement proclamée le 28 mars 1871 à l’Hôtel de Ville.

2. Deuxième partie : La Commune de Paris de sa proclamation à la fin de la Semaine Sanglante.

 Si la Commune est proclamée officiellement et dans la liesse le 28 mars 1871 à l’Hôtel de Ville de Paris, elle commence effectivement le 18 mars avec l’insurrection parisienne d’où la durée de 72 jours habituellement admise par les historiens.

La barricade par A. Devambez
La barricade peinture de A. Devambez. Hist.contemp. Librairie Larousse. 1916 . Coll. BA

Le mouvement communaliste en province

Entre ces deux dates des 18 et 28 mars, de nombreux événements se produisent en province. Le mouvement communaliste prend de l’ampleur et des manifestations ont lieu dans la plupart des grandes villes à forte population ouvrière. Le 23 mars, la Commune est proclamée à Lyon et Marseille et le lendemain à Toulouse puis à St Etienne. Cependant ces tentatives sont éphémères car vite réprimées.

A Paris, les soldats casernés fraternisent avec les fédérés et les Parisiens aisés quittent la Capitale pour Versailles (les francs-fileurs).

Au sein du Comité Central de la Commune, de nombreux désaccords apparaissent entre les partisans d’une révolution pacifique avec retour à l’ordre et les partisans d’une marche sur Versailles pour appeler le pays à rejoindre le mouvement communaliste.

Les négociations de Bruxelles

Pendant ce temps, s’ouvrent à Bruxelles des négociations pour conclure un traité de paix mettant un terme définitif au conflit. Thiers demande à Bismarck et obtient la libération de 60.000 prisonniers( sur 509.000 prisonniers français) pour aider au rétablissement de l’ordre à Paris en rejoignant l’armée reconstituée à Versailles.

La Commune prend ses premières décisions et décrète l’abolition de la conscription et de l’armée permanente avec l’intégration de tous les citoyens valides dans la Garde Nationale.

La reconnaissance versaillaise

Dès le 30 mars, une reconnaissance versaillaise atteint le rond-point de Courbevoie, en déloge les fédérés, les fusille et installe une batterie qui canonne l’enfilade du Pont de Neuilly.

Le 1er avril, la décision est prise par la Commune d’entreprendre une marche sur Versailles dans les cinq jours.

Batterie du Rond-Point de Courbevoie. Robida
Batterie du Rond-Point de Courbevoie. Robida. Librairie Clavreuil, Librairie Scheler 1971.

Le 2 avril, l’offensive versaillaise se déploie du rond-point des Bergères vers le Rond-Point de Courbevoie. L’infanterie de marine occupe Puteaux et , après un vif engagement la caserne de Courbevoie tombe aux mains des militaires. La batterie du rond-point de Courbevoie renforcée poursuit la canonnade pour protéger la progression de la troupe qui enfonce la barricade du pont de Neuilly. Les fédérés refluent en désordre vers la Porte Maillot, poursuivis par l’infanterie de marine qui va bientôt abandonner le terrain.

Paris insurgé Histoire illustrée
Combats sur le pont de Neuilly. Paris insurgé. BNFGallica.fr

Les généraux de la Commune Eudes, Duval et Bergeret déçus de l’attentisme des membres du comité décident pour le lendemain d’une marche sur Versailles. Cette sortie est qualifiée de « torrentielle ». Elle doit permettre de rejoindre Versailles pour gagner les militaires à leur cause et ainsi étendre le mouvement à l’ensemble du pays. En effet, la presse parisienne présente les troupes versaillaises prêtes à fraterniser.

La « sortie torrentielle » du 3 avril

Dès le 3 avril au matin, la Garde Nationale quitte Paris, se sépare en plusieurs colonnes pour converger sur Versailles.

L’opération décidée dans l’urgence est mal préparée : pénurie de munitions, de ravitaillement, d’ambulances. Mais surtout l’indiscipline des gardes nationaux entrave la progression d’autant qu’une information erronée circule : «  le Mont Valérien observera une neutralité bienveillante ».

Fédérés repoussés par le feu du Mont Valérien
Les Fédérés repoussés par les feux du Mont Valérien. D’après un croquis de Robida. BNF Gallica.fr

Les colonnes des fédérés sont stoppées puis dispersées par les canonnades du Fort du Mont Valérien. Elles refluent en désordre sauf celle placée sous les ordres de Duval qui est encerclée sur le plateau de Chatillon. Duval est fusillé par les Versaillais et les 1500 gardes nationaux sont faits prisonniers (dont Elisée Reclus) et dirigés sur Versailles avec tous leurs compagnons séparés de leur bataillon.

Au soir du 4 avril, les Parisiens voient revenir blessés et rescapés. Désillusionnés ils constatent  : « Versailles fait donc la guerre ? »

Ils peinent à comprendre que leurs anciens frères d’armes, assiégés avec eux dans Paris et ayant supporté les mêmes épreuves puissent se ranger du côté de Thiers.

Le 5 avril, un décret de la Commune met en accusation » Messieurs Thiers, Favre… qui ont ordonné la Guerre Civile et attaqué Paris. »

La révolution parisienne s’enferme dans ses murs tout en défendant ses positions avec les Forts du Sud et les communes situées à l’Ouest et au Sud.

Les mesures sociales de la Commune

De nombreuses mesures sociales et politiques sont prises par la Commune. Le 6 avril interviennent le décret des otages (« Pour 1 fédéré tué, 3 otages seront fusillés« ), le décret sur l’incorporation de tous les citoyens âgés de 19 à 40 ans dans les compagnies de la Garde Nationale.

Puis le 10 avril, la Commune se préoccupe des veuves et orphelins des gardes nationaux tués au combat et instaure les pensions. Vont suivre la réquisition des logements vacants, l’interdiction des amendes et retenues sur salaires, l’interdiction du travail de nuit pour les boulangers etc…

La guillotine est démontée, transportée sur la Place Voltaire et brûlée dans l’allégresse générale.

La vague d’interpellation des religieux

La presse parisienne manifeste son anticléricalisme viscéral et se déchaîne contre les « soutanes ». La séparation de l’Église et de l’État est décrétée, le budget des cultes est supprimé et les biens de l’Église sont confisqués. Mgr Darboy, archevêque de Paris, est arrêté le 6 avril conformément à cette vague anticléricale qui s’est abattue sur la Commune.

Le délégué de la Police entreprend une vaste opération d’arrestations des religieux avec la fermeture des lieux de culte ou leur transformation en magasins. Des clubs s’y réunissent en soirée et de nombreux orateurs s’y expriment dont parfois des femmes.

Mgr Darboy propose son échange avec Blanqui incarcéré par Thiers dès le 17 mars. Cette proposition est rejetée.

« Rendre Blanqui serait envoyer à l’insurrection une force égale à un corps d’armée ». Thiers

Cette raison officielle cache mal la tactique de Thiers se réservant le droit de justifier ultérieurement une politique de répression spectaculaire en réponse à une possible exécution des otages.

La situation autour de Paris

Les forts du Nord de Paris sont toujours occupés par les Allemands ainsi que toutes les communes de la périphérie nord du Pont d’Asnières jusqu’à Rosny.

Les forts du Sud sont aux mains des communards depuis le départ de Thiers et de son gouvernement pour Versailles le 18 mars. Les opérations versaillaises contre la Capitale commencent dès le 11 avril.

Batterie de Montmartre tirant sur Asnières par Robida
Batterie de Montmartre tirant sur Asnières. Avril 1871. Robida. Librairie Clavreuil, librairie Scheler 1971.

Thiers, à l’origine de la construction de l’enceinte parisienne et des forts (1840-1846) en connaît bien les points faibles. La reprise des forts s’impose et tout va être mis en œuvre pour y parvenir.

La redoute du Moulin Saquet est enlevée le 3 mai.

Le renforcement de la redoute de Montretout (Saint-Cloud) avec 80 canons permet le pilonnage de la Porte du Pont du Jour et des forts d’Issy et de Vanves.

L’objectif est atteint le 9 mai pour le Fort d’Issy puis viendra le tour du Fort de Vanves le 14 mai malgré la résistance acharnée puis désespérée des fédérés. Alentour les villages sont, eux aussi, en ruines et les combats s’y poursuivent.

Thiers, bien informé par ses espions peut contrecarrer de l’intérieur  les opérations décidées par le Comité Central. Sa tactique va s’avérer payante.

En parallèle il donne à la province une image effrayante de la Commune de Paris.

La prise du château de Bécon

Prise du Château de Bécon
Prise du château de Bécon par l’armée de Versailles le 17 avril 1871. .454.BNFGallica.fr

Le Château de Bécon présente un danger pour les Versaillais qui occupent Courbevoie et Colombes. Dès le 17 avril le Parc et le Château de Bécon sont occupés par les Versaillais qui y installent des batteries d’artillerie qui arrosent Neuilly et Paris. La puissance de feu côté Rive Gauche s’en trouve accrue.

Neuilly la rue Peyronnet à l'angle de la rue de Chézy
Neuilly, la rue Peyronnet à l’angle de la rue de Chézy. Robida. Librairie Clavreuil, librairie Scheler 1972. Ex 6

Neuilly est dévasté et les combats s’y déroulent rue après rue, toujours sous le feu du Mont Valérien. Un cessez-le-feu est négocié le 25 avril pour permettre aux habitants de se réfugier à l’intérieur de Paris.

Des combats se déroulent également dans toutes les communes limitrophes acquises aux idées communalistes.

A Versailles, l’armée se réorganise grâce aux renforts des 60 000 prisonniers français libérés par Bismarck qui viennent grossir les rangs des fusilliers marins, des gardes nationaux de province et de l’armée régulière… Elle est placée sous le commandement de Mac Mahon.

Signature du traité de Paix de Francfort

Le 10 mai est signé le traité de paix de Francfort mettant une fin officielle au conflit et permettant d’envisager le départ des Allemands occupant une partie du territoire dès le paiement de l’indemnité fixée à 5 milliards de francs-or.

Colonne Vendôme renversée
La colonne Vendôme renversée le 16 mai. Hist. Rév. 70-71 par Jules Claretie. 1872. Coll. BA

Le 16 mai, sur proposition du peintre G.Courbet, la colonne érigée sur la Place Vendôme, à l’image de la colonne Trajane pour commémorer l’épopée napoléonienne, est renversée par les Communeux.

Le 17 mai, la cartoucherie de l’avenue Rapp explose.

La semaine sanglante

Fin de la reprise en main de Thiers. Bilan humain

Après un pilonnage massif, les Versaillais pénètrent dans Paris par le Sud et l’Ouest le 21 mai, protégés par les forts du Sud et le Mont Valérien.

Un Maréchal, 5 corps d’armée et 130 000 soldats déferlent vers les principaux points de résistance. Les barricades sont enfoncées ou prises à revers.

Au fur et à mesure de la progression, la résistance est plus forte ; hommes femmes et enfants y participent. Les morts jonchent les rues.

Les prisonniers fédérés sont regroupés, certains dirigés sur Versailles et Satory mais la plupart sont exécutés en plein air ou à l’intérieur de bâtiments puis provisoirement enterrés dans des fosses communes ouvertes dans les squares, parcs et jardins.

Le 23 mai, Montmartre est enlevé. Beaucoup de bâtiments publics et des monuments du centre sont incendiés par les communards dans leur retraite vers le Nord et l’Est. ( Palais des tuileries, Hôtel de ville, Ministère des finances, Cour des comptes, préfecture de Police, Palais de Justice…)

Assassinat des otages à la Roquette
Assassinat des détenus à la Roquette. Hist. Rév. 70-71. Par Jules Claretie 1872. Coll. BA

Les otages de la Commune sont exécutés puis – comme en 1848 – les militaires progressent vers l’Est et les ultimes points de la résistance.

Le 27 mai, le parc des Buttes Chaumont est enlevé et 300 fédérés y sont exécutés. Le 28 mai, des combats féroces et désespérés se déroulent entre les tombes du cimetière du Père Lachaise. Un fois la place prise, 147 communards capturés sont fusillés le long d’un mur du cimetière. Cet endroit deviendra le symbole de la révolte de la Commune.

La dernière barricade
La dernière Barricade, rue de Tourville le 28 mai 1871. Robida. Librairie Clavreuil, Librairie Scheler 1971.

Le 29 mai le fort de Vincennes tombe aux mains des versaillais  et les officiers sont fusillés.

La commune a vécu et Thiers a rempli le contrat : le retour à l’ordre est effectif.

Le rêve de la Commune de Paris s’est fracassé sur le mur des Fédérés du cimetière du Père Lachaise.  

Le bilan en vies humaines est  effroyable du côté des fédérés. Entre 20 à 30 000 hommes, femmes et enfants ont été tués au cours des combats ou exécutés par les militaires.

Les femmes ont participé activement aux combats sur le terrain : ambulancières, estafettes, transport des vivres et munitions, voire combattantes sur les barricades. Les enfants ont également aidé les combattants.

Père Lachaise; Le Mausolée du Duc de Morny transformé en Poudrière par Robida
Au Père Lachaise. Le Mausolée du Duc de Morny transformé en poudrière. Robida. Librairie Clavreuil, Librairie Scheler 1971
Paris incendié . Mai 1871
Paris incendié ( 21-28 mai 1871) Gallica.bnf.fr. Saint-Denis Musée d’art et d’histoire.

Le rôle des communardes

Louise Michel – institutrice républicaine dont les idées généreuses ont germé et abouti bien longtemps après cette guerre fratricide – est devenue l’héroïne de la commune. Elle a qualifié la « semaine sanglante » de « curée froide » car cette opération de retour à l’ordre – exécutée sous le regard des allemands et décidée par Thiers – a bien été conduite froidement et férocement par Mac Mahon.

La société de cette fin du XIXème n’était pas prête à accueillir ces idées sociales considérées comme subversives car inspirées par les mouvements sociaux ouvriers et la première internationale qui effrayait le pouvoir. La loi Dufaure du 14.03.1872 interdit l’adhésion à l’internationale – issue de l’Association internationale des travailleurs (AIT) fondée à Londres en 1864 par Karl Marx.

Le sort des prisonniers

Les 36309 prisonniers transférés à Versailles, Satory ou sur les Pontons (Brest) ont été jugés par le 3ème Conseil de guerre. 10.137 condamnations ont été prononcées dont 95 peines de mort et 4 586 déportations en Nouvelle-Calédonie.

Victor Hugo n’a pas ménagé sa peine pour obtenir l’amnistie complète des déportés (juillet 1880) et leur retour en métropole.

Louise Michel est rentrée en novembre 1880, accueillie à la gare Saint-Lazare par Georges  Clémenceau.

Une amitié est née entre l’anarchiste et une aristocrate, la Duchesse d’Uzès, première fortune de France, mais aussi femme altruiste et ardente féministe. Décédée en janvier 1905, Louise Michel repose au cimetière de Levallois.

Courbevoie et la reconstruction

Immeuble au coin du pont de Neuilly 1871. Insurrection de Paris. Wulff. BnF Gallica
Immeuble au coin du pont de Neuilly 1871. Insurrection de Paris. Wulff. BnF Gallica

La ville de Courbevoie, au cœur des combats et par sa proximité avec la capitale a été dévastée. Dès juin 1971, il faut faire face à tous les défis : reconstruction, fonctionnement des services publics, secours aux administrés et rétablissements des approvisionnements etc…

La réparation du pont de Neuilly, la reconstruction du pont de Courbevoie ( 1873), la réparation des bâtiments communaux et des pavillons d’octroi, l’installation du Conseil municipal avec les  élections en juillet 1871 et l’élection du Maire le 13 août 1871.

Mais il faut aussi penser à l’avenir et réfléchir aux nouvelles infrastructures nécessaires au développement de la commune : création de la station ferroviaire de Bécon (1892), création d’une gare de marchandises, création d’une ligne de tramway à vapeur ( 1873 – la Bouillotte) en collaboration avec Neuilly et Paris.

Courbevoie meurtri a su rapidement se relever et participer au développement économique grâce à l’installation de nombreuses entreprises sur son territoire  et surtout grâce au courage de ses habitants.

Après la Guerre civile, la reconstruction et Courbevoie en marche vers la révolution industrielle
Après la reconstruction, Courbevoie en route pour la Révolution industrielle. Carte postale ©SHC

 

Rédactrice : Madame Françoise LEMOINE

Remerciements

La SHC remercie M. Jean-Claude Viche Président fondateur de l’association des amis d’Albert Robida pour son aide et Mme Anne-Marie Demont , petite fille d’Albert Robida, pour son autorisation de publier quelques-uns des extraordinaires croquis de Robida réalisés durant La commune de Paris et édités 100 ans après les faits. (  Album du siège et de la commune Paris 1870 avec 177 dessins de ROBIDA. Librairie Clavreuil, Librairie Scheler 1971) coll. Particulière.

 Sources 1e partie 

  • La Commune de Paris P. Dominique.  1962 B. Grasset
  • Les hommes de la Commune. A. Zeller. 1969 Librairie Académique Perrin
  • Les grandes heures de la Commune. R. Heron de Villefosse. 1970 Librairie Académique Perrin
  • Paris – Bivouac des révolutions – La Commune de 1871. Robert Tombs. 2014 Libertalia
  • Plaquette exposition. 2008. Archives départementales. Les Hauts de Seine dans la tourmente. La guerre de 1870 et la Commune
  • Livret – A la découverte de Montmartre – 2004
  • LP – Vive la Commune
  • Procès Louise Michel
  • Article 2009 – Revue IDF N°22. La Commune – une histoire francilienne
  • Article 2008 – Courbevoie et la Commune de Paris N°46-47

Bibliographie 2e partie

  • BnF Gallica
  • La Commune de Paris par ceux qui l’ont vécu. Laure Godineau. Editions Parigramme 9/2010-
  • Revue nos ancêtres/ nos métiers n° 54. 2012. La Duchesse d’Uzès. 1ère fortune de France.
  • Les Damnés de la Commune- (BD) R ; Meyssan. .3 volumes.
  • Histoire et Histoires du 13ème – n° 7 – 6/2011 Editions Depeyrot .
  • Courbevoie Tomes 1 et 2 – Mémoire en images ; Claude Bourgeois – Editions A. Sutton
  • La Révolution ( 1770-1880) F. Furet. Collection Histoire de France . Hachette 1988. Volume n°4 ( sur 5)

Articles parus dans la presse :

  • Le Monde : Dossiers et documents ; Les écrivains engagés du XIXème siècle  4/1999
  • et Daumier caricaturiste 3/2008
  • Télérama n° 3713 de 3/21
  • Hors Série XL LE 1 Louise Michel, l’égérie de la Commune.