George-William Kilford (1833-1903) a donné son nom à une rue et à un hôpital de Courbevoie.
Né dans le quartier de Marylebone à Londres le 16 avril 1834, Kilford était un citoyen britannique venu faire prospérer le domaine de l’assurance dont il était un expert reconnu de tous. C’est lui qui a été le pionnier en France de la réassurance (l’assurance des assureurs).
A 27 ans, Il fait la connaissance de la jeune Marie Louise Perrinel, 17 ans, fille d’un autre professionnel de l’assurance et l’épouse à Paris en mai 1860.
Leur maison entourée d’un grand parc se situait au niveau du 30 de la rue qui porte son nom.

La rue Kilford
Kilford a joué un rôle de philanthrope et a fait profiter la ville de ses largesses, à tel point que le 27 juillet 1879, le Conseil municipal de la ville a décidé d’ouvrir une voie en son nom:
Monsieur et Madame Kilford abandonnent gratuitement les parcelles (…) qui sont nécessaires à l’élargissement des voies. (…) la rue à ouvrir devra, de condition expresse, porter le nom des créateurs Kilford (…)
La commune devra payer à Monsieur et Madame Kilford, pour toute indemnité, une somme de 10.000 francs, payable sans intérêts en deux parts égales le 2 janvier 1886 et le 2 janvier 1887 (…) la Commune dont la situation financière est actuellement très obérée, ne saurait d’ici 1886 prélever sur ses revenus aucune somme pour acquérir à Monsieur Kilford les terrains nécessaires.
…et la rue Jean Bart
Dans le même temps, c’est Kilford lui-même qui ouvre la rue Jean Bart!
Par lettre ci-jointe du 8 avril, M.Kilford ropose à la ville de lui remettre la rue qu’il a fait ouvrir entre la rue de la Garenne (aujourd’hui, Jean-Pierre Timbaud) et la rue des Varebois, parallèlement à la rue Kilford et à l’avenue de la République. La rue dont il s’agit, et que M.KILFORD propose de nommer rue Jean Bart aune longueur de 180m69 et une largeur uniforme de 8 mètres. [le Conseil, à l’unanimité] approuve la cession gratuite à la Commune par M.KILFORD, propriétaire de la voie qu’il vient de faire ouvrir et mettre en bon état de viabilité sur sa propriété sous la condition que les acquéreurs du sol des terrains lotis seront tenus de supporter les frais de participation des bordures et caniveaux lors de la confection de ces travaux [et] décide que la voie en question, à la demande du propriétait cédant portera le nom de Jean Bart.
Pour un citoyen britannique, choisir le nom du corsaire Jean Bart qui passa une bonne partie de sa vie à attaquer les navires anglais, semble assez paradoxal!
En revanche le lotissement d’un terrain viabilisé est toujours une bonne affaire.

L’hommage
Décédé le 13 mai 1903, George-William Kilford est enterré dans l’ancien cimetière de la ville à l’entrée duquel on peut découvrir sa tombe et constater que le graveur a un peu écorché son titre de « président de la Société des Actuaires » (un actuaire établit les tableaux statistiques de possibilité de réalisation d’un risque en assurance).
Voici la nécrologie que le journal « L’Argus » lui a consacrée le 24 mai 1903:
Mardi à 2 heures, ont eu lieu à Courbevoie, au milieu d’une très nombreuse assistance, les obsèques de M. George-William Kilford, décédé subitement le 15 mai, dans sa propriété, rue Kilford, 30, à Courbevoie.
M. Kilford était membre de l’Institut des actuaires et représentait à Paris la puissante Compagnie anglaise North British and Mercantile.
Il y a juste 10 ans, au sujet d’une remarquable pièce d’orfèvrerie que lui offrait, en témoignage de gratitude pour son intelligent et infatigable concours, le Conseil d’administration de celle importante compagnie, nous consacrions quelques lignes à cet éminent assureur, surnommé depuis longtemps déjà, par les assureurs français et européens : le Roi de la Réassurance.
Nous ne pouvons mieux faire aujourd’hui que de répéter à la mémoire de M. Kilford, ce que nous disions de lui à celle époque : « Il est de notoriété que, durant ces vingt-cinq dernières années il est peu d’assureurs, peu de directeurs même, qui n’aient eu, à l’occasion d’une question technique quelconque, vie ou incendie, à prendre l’avis de M. Kilford.
Où pouvait-on, en effet, rencontrer plus d’affabilité, plus d’empressement sincère à rendre service, en même temps qu’une compétence indiscutée et d’une rectitude de jugement égale à la droiture du caractère, venaient donner à la sagesse, à la netteté et à l’impartialité des conseils une incomparable autorité ! »
M. Kilford était riche. Mais s’il mit son intelligence et son dévouement à la cause de l’assurance, il n’en sut pas moins prêter un concours moral et financier à la petite ville de banlieue qu’il habitait et où il jouissait d’une bien légitime popularité. Diverses associations étaient représentées aux obsèques. Nous avons remarqué : les Ambulanciers de France, la Fanfare de Courbevoie, dont la bannière était voilée d’un large crêpe, etc.
M. Kilford s’est éteint à 70 ans. C’était un ami de l’Argus ; aussi adressons-nous à sa famille nos plus sincères condoléances.
De la Maison des Tilleuls à l’Hôpital
En 1907 a été érigée sur le même site la « Maison des Tilleuls », une maison de retraite appartenant à « l’Association de Développement de l’Activité féminine dans l’Eglise évangélique luthérienne de France » qui possédait également une « Maison de Diaconesses », 12 rue de la Montagne.
En 1930, la Ville de Courbevoie acquiert « les Tilleuls » et crée l’Hôpital Marcelin Berthelot, (aujourd’hui Rives de Seine) qui est ensuite rétrocédé à l’Assistance publique.