Les Studios Photosonor

Catherine DENEUVE, M. DORLEAC acteur et F. DORLEAC en 1959 sortant des studios PHOTOSONOR ©C.Azoulay

Les Studios Photosonor étaient situés 17bis quai de Seine à Courbevoie, de nombreux films y furent tournés avant et après-guerre, avec une période d’interruption causée par les bombardements alliés de 1943.

Histoire des Studios

C’est en 1930 que l’acteur Jacques d’Auray monte les Studios Photosonor au 17bis quai de Seine (aujourd’hui quai Paul Doumer). La direction en est confiée à Marcel Beau.

La production se limite d’abord à quelques courts métrages, mais en 1933, la sortie du film de Jean Benoit-Lévy, La Maternelle, va permettre aux studios d’accéder à une renommée internationale.

Initialement, Photosonor ne dispose que d’un seul plateau et ne peut tourner qu’une demi-douzaine de films par an.

En 1936, Photosonor se dote d’un large plateau aux parois extensibles. Il comprend également une piscine de grandes dimensions sous la scène et est équipé d’un dispositif sonore ultra moderne. Un camion de régie complète l’ensemble.

Deux autres plateaux seront ajoutés en 1939 et 1943.

Filmographie des studios de tournage Photosonor

Parmi les films produits avant 1943, on peut citer notamment :

1937 – Police mondaine

Réalisateur : Michel Bernheim et Christian Chambourant.
Acteurs : Charles Vanel, Jean-Louis Barrault, Jean Servais.
Histoire : une « indic » parvient à infiltrer une bande de trafiquants de drogues. Elle est      découverte et assassinée . Le chef de la police veut la venger.
Genre : Policier s’inspirant des films noirs américain en vogue à l’époque.

1942 – Mademoiselle Swing

Réalisateur : Richard Pottier
Acteurs : Irène de Trebert, Jean Murat, Elvire Popesco
Genre : Film Musical

Les bombardements alliés

Les bombardements de 1943 firent de très nombreux morts et blessés au sein même de l’entreprise Photosonor et les dégâts matériels furent également très importants. Pour ces raisons, les studios durent cesser assez longuement leurs activités.

Un carré dédié à la mémoire des victimes de Photosonor a été aménagé dans le cimetière de Courbevoie au Faubourg de l’Arche.

Tombes photosonor

Réouverture après-guerre

La réouverture des Studios Photosonor après la guerre se traduisit par la réalisation d’une trentaine de films de 1947 à 1964.

L’armistice signé, la vie reprit ses droits. Les temps changent et la demande va vers des films de distraction. Les premiers films réalisés dans ces studios étaient ainsi souvent grand public, destinés à distraire, à oublier le passé récent et les crises du logement terribles à l’époque.

René Jayet signe avec Mandrin deux films de cape et d’épée. La première partie (le libérateur) sort en 1947 et la deuxième ( La tragédie du siècle) en 1948 (fiche Unifrance : 1ère époque / 2e époque )

Avec L’Héroïque M. Boniface de Maurice Labro c’est la détente que l’on recherche avec Fernandel.

Mon Phoque et elles signe une comédie avec un acteur idéal pour ce genre : le Phoque  ! (fiche Unifrance)

Sous le Ciel de Paris, un film de Julien Duvivier, nous laisse en 1951 une merveilleuse chanson interprétée par Jean Bretonnière. Elle sera reprise ensuite par Juliette Greco, Édith Piaf et Yves Montand et est devenue un symbole de Paris et de la France dans le monde entier.

Pas de Vacances pour Monsieur le Maire de Maurice Labro, film musical avec les Bluebell Girls, André Claveau et Louis de Funès, qui retrouve sa ville natale pendant le tournage. (fiche Unifrance)

Richard Pottier, avec Rendez-vous à Grenade, présente un film musical avec les Bluebell girls et Luis Mariano, ainsi que de bons acteurs de comédie : Olivier Hussenot, Marthe Mercadier et Jean Tissier (fiche Unifrance)

Enfin au milieu de cette décennie Louis Verneuil réalise un film plus dense, plus proche de la série noire : Brelan d’As.

C’est un ensemble de 3 sketchs écrit par des écrivains de talent parmi lesquels Peter Cheney et Simenon :

  1. La Mort dans l’Ascenseur : André Tabet et Stanislas-André Steeman
  2. Je suis un Tendre : Peter Cheyney et Jacques Companéez
  3. Les Témoignages d’un Enfant de Chœur : Georges Simenon

et joué par trois acteurs : Raymond Rouleau, intéressant dans le rôle de l’inspecteur Wens, Van Dreelen dans celui de Lemmy Caution et Michel Simon, formidable dans le rôle de Maigret. Toute une époque !

En voici la bande annonce :

Studios Photosonor films de 1954 à 1956

Le cinéma tourné à cette époque est généralement léger.

L’influence américaine se fait sentir dans des films de gangsters noirs comme Du Rififi chez les Hommes en 1955. La collection de livres de Georges Duhamel, Série noire, va accompagner cette amorce.

Des auteurs de livres policiers vont être repris comme scénarios de films et des films noirs vont en parallèle faire l’objet de transpositions en livres.

Des écrivains français écrivent sous un nom américain. L’ambiance est loin des livres d’Agatha Christie dans lesquels le meurtre est surtout une énigme résolue par la déduction.

L’année 1956 présente quatre films dont deux avec la jeune Brigitte Bardot, âgée de 22 ans : Cette sacrée Gamine et En effeuillant la Marguerite.

Ce dernier titre est comme un faux-semblant de libération des mœurs qui ne viendra que plus tard.

Le carcan sociologique d’un monde en reconstruction enserre encore la jeunesse qui comme une cocotte-minute va exploser en 1968.

Studios Photosonor films de 1957 à 1961

Jusqu’au Dernier et Rafles sur la Ville illustrent le genre policier qui ne va pas tarder à se parodier afin de se renouveler.

Mais on voit apparaître aussi des films d’auteur comme L’Année dernière à Marienbad (1961) d’Alain Resnais qui a fait date. Marienbad apportait des choses nouvelles, une certaine complexité, que l’on retrouve dans la bande annonce :

Le plus long travelling jamais réalisé à l’époque fut tourné dans ce film dans les studios Photosonor.

Ces films furent les derniers à être tournés dans des studios à Courbevoie.

Les activités de Photosonor se réduisirent ensuite à la sonorisation. Les studios fermèrent définitivement en 1964.

Cependant la fin des studios ne signifia pas la fin de la relation entre le monde du cinéma et la ville de Courbevoie.

Cette dernière devint elle-même un lieu de tournage courant pour des films en décors naturels.

Bernard Accart et Laura Ciriani