La visite était conduite par le propriétaire, restaurateur de la maison et sympathisant de l’association. La maison qui avait été miraculeusement préservée dans son jus par la famille Thomann de 1923 à 2006 a été restaurée en 2008-2009.

Le propriétaire a partagé avec les membres de l’association l’histoire du bâtiment et de ses propriétaires successifs. Il a présenté les choix qui ont dû être fait lors de la restauration pour en conserver l’aspect patrimonial, tout en en faisant une maison confortable respectueuse des normes actuelles, en termes d’isolation thermique par exemple.
La rénovation a été l’occasion de mener des recherches sur les matériaux, décors, céramiques permettant une mise en œuvre respectueuse des travaux.

Les réactions des passants montrent que la valorisation du patrimoine architectural de notre ville profite à tous : jeunes enfants en route pour l’école, comme retraités en promenade du dimanche.
Concernant l’histoire de l’urbanisme de notre ville, cette bâtisse nous renseigne sur la manière dont la ville s’est développée autour des gares en création.
Dès 1880, M. Cantin, directeur des Bouffes Parisiennes, divise son terrain en une vingtaine de lots autour d’une rue qui portera son nom. On a d’autres exemples remarquables à Bécon comme celui du lotissement de l’industriel « Bourgain ».
Mademoiselle Vincent, achète les N° 3/5/7/9/11 de la rue et y fait construire 5 maisons qu’elle finit de vendre en 1884. En 1898 les propriétaires du N° 9 étendent leur maisonnette avec une tour, donnant à la bâtisse cet aspect de castel si particulier.

Le jardin conserve ses annexes d’époque, témoignages de la vie au XIXème siècle : une buanderie avec fourneau et lessiveuses, une serre, et une écurie dans son état d’origine, donnant une image de la vie quotidienne avant l’arrivée de l’automobile.
Dans le grenier de cette demeure dormait un trésor, les archives et matériel de voyage de Georges Thomann. Explorateur, il élabore lors d’expéditions le long de la Sassandra en Côte-d’Ivoire les premières cartes de la région, tracées à grand peine dans « l’enfer vert ». Ses notes font l’objet d’un ouvrage, les « Carnets de route en Côte-d’Ivoire » 1893-1902).
Les objets, photographies, documents et cartes laissés par cet administrateur humaniste ont quitté la rue Cantin en 2017 et sont désormais conservés au Musée des arts premiers, quai Branly (consultable en ligne sur Wikipédia).

Le final de cette visite fut la collation offerte aux sociétaires réunis autour de « l’Arbre à palabres », un magnifique magnolia de Soulange au centre du jardin.
Oubliée ! la longue frustration des contacts humains durant l’épidémie.
Bienvenue à cet heureux moment de convivialité ou les échanges amicaux étaient accompagnés par la découverte d’une bouteille de vin blanc « Château Bécon » 2014, gardée en réserve pour l’occasion.
Cet article vous est proposé par Bernard Accart, président de la Société Historique de Courbevoie
Image de couverture : la Maison Thomann, anciennement Cantin ©SHC 2021