Connaissez-vous Kriéger, un des grands pionniers de la voiture électrique, et sa Compagnie Parisienne des Voitures Électriques Système Kriéger basée à Courbevoie ?
L’ingénieur
Kriéger n’a pas laissé beaucoup de traces dans la mémoire des Courbevoisiens et encore moins d’empreinte carbone.
Normal, puisqu’il était un des grands pionniers de la voiture électrique, un pionnier qui, malheureusement, a eu raison trop tôt.
Louis-Antoine Kriéger est né le 28 mai 1868 à Paris.
Après des études au collège Sainte-Barbe, il sort diplômé de l’Ecole centrale en 1891.
L’ingénieur est embauché par les batteries Fulmen, ce qui lui donne l’idée de créer son premier véhicule en 1894.
Il suffit de remiser à l’écurie les chevaux d’une victoria et de l’équiper d’un moteur électrique. L’ancien fiacre hippomobile est capable de parcourir la distance incroyable de 30 km.
L’année suivante il participe à la course Paris-Bordeaux et fonde une entreprise à Courbevoie au 39 de l’avenue Marceau, la Compagnie Parisienne des Voitures Électriques Système Kriéger, dont le siège social se trouve dans la plus prestigieuse rue de la Boétie à Paris.
Les fiacres électriques
En 1898, la marque se présente en force au Concours des Fiacres électriques avec quatre modèles différents.
Les sorties se succèdent, nombreuses : broughams, landaulets, électrolettes, coupés, et même des omnibus pour les transports parisiens !
Dès cette année, l’entreprise est florissante et les Kriéger sont vendues dans toute l’Europe à une clientèle fortunée.
Les têtes couronnées d’Italie, d’Espagne, de Russie et d’Angleterre possèdent toutes une Kriéger, fabriquée à Courbevoie !
Le système de traction avant et le freinage électrique combinés à la douceur et au silence de la conduite donnent une impression de sécurité qui constitue un argument de vente de premier plan.
Les voitures sont équipées de deux énormes batteries qui permettent une autonomie grandissante et sont sans cesse améliorées.
Les premières hybrides
Dès 1903, un nouveau modèle fonctionne avec un moteur à pétrole Richard Brasier combiné au système Kriéger : des voitures hybrides, en 1903 !
Les taxis parisiens comptent 150 voitures de ce type en 1906.
En 1907, cependant une crise économique a raison de l’entreprise qui fait faillite, même si des Kriéger sont produites jusqu’en 1909.
La Première Guerre mondiale marque l’abandon quasi définitif du modèle électrique.
Une brève seconde vie
Kiéger, lui, n’a pas totalement abandonné son projet.
Bien des années après, en 1941, en pleine guerre, il s’associe à un autre créateur de fiacres électriques, l’ingénieur Charles Mildé, pour sortir dans les locaux de La Licorne, toujours à Courbevoie, un véhicule hybride de deuxième génération.
Le châssis et la carrosserie de la MILDE KRIEGER électrique AEK fut construit par la société LA LICORNE, fabricant de voitures thermiques. (…)
Plus de 100 exemplaires de ce type seront fabriqués à Courbevoie, de 7 mars 1941 au 1er octobre1942, date d’interdiction de toute fabrication automobile par l’occupant allemand.
Construite avec robustesse pour résister sans broncher aux chocs, heurts et trépidations encaissés à 120 km/h, La Licorne était toute indiquée pour recevoir allègrement la surcharge de 250 kg de batteries (96 volts–213 Ah) et l’equipement électrique conçu par Mildé-Krieger. Le poids à vide est de 1420 kg. (…)
Ainsi « élecrifiée », La Licorne emportait quatre personnes à 40 km/h sur une distance de 120 km.
La créativité de Kriéger et de Mildé ne sera pas reconnue à sa juste valeur et le modèle électrique sera de nouveau oublié.
On peut forcément regretter toutes ce talent gâché et ces années perdues, mais on peut célébrer malgré tout cet autre aspect de la richesse du patrimoine industriel de Courbevoie.
Sources & remerciements
Wikipedia – Société des Voitures Électriques Système Kriéger
Rétromobile
Gallica (illustrations)
Articles tirés de Gallica:
La Locomotion automobile
Le Génie civil – 24 juin 1899
Le Monde sportif – 25 décembre 1903
Paris illustré – 2 décembre 1904
Armes et Sports Le Raid Paris-Deauville – 15 septembre 1905
Automobile propre la Kriéger, un concentré d’histoire de France