Lucien Graux (1878-1944) médecin, entrepreneur, collectionneur, bibliophile, écrivain, éditeur et résistant français est le fondateur de la maison de parfums Arys (1916-1960), qui eut une dimension internationale.
En tant que médecin, Graux a pour spécialités l’hygiène publique, l’urologie, et la pharmacologie appliquée aux soins. Il est aussi l’éditeur de La Gazette médicale de Paris (1906-1914). Il dépose en un brevet pour un médicament luttant contre l’acide urique, appelé l’Urodonal, qu’il fait promouvoir à grand renfort de publicité par le biais des Établissements Chatelain (Paris et Courbevoie), distributeur de produits pharmaceutiques tels que le Globéol et le Jubol.
Vers 1916, il fonde la « Société anonyme des parfums d’Arys » à Paris, et la fait entrer en Bourse dès 1918. Durant vingt ans, elle connaît une croissance internationale et emploie une centaine de personnes 107 boulevard de la Mission Marchand à Courbevoie. Cette maison est présente sur le pavillon français des parfums lors de l’Exposition internationale de 1925 et ouvre une boutique de prestige au 3 rue de la Paix.
En , il rejoint la Résistance, mais il est arrêté à son domicile par la Gestapo en éporté au camp de Dachau, il meurt le . Les parfums d’Arys lancent alors Témoignage, un jus composé en hommage à Lucien Graux.
La maison ne survit que uelques années à la mort de fondateur et disparaît en 1960.
Extrait de La parfumerie française et l’art dans la présentation (avril 1925) :
« La « Société anonyme des Parfums d’Arys » est l’une des plus puissantes organisations de
France et du monde entier.
Ses usines modernes sont dotées de laboratoires merveilleusement aménagés d’un outillage remarquablement perfectionné, constamment renouvelé selon les derniers progrès du machinisme. Ses nombreux ateliers, très vastes, très clairs, réalisent un souci évident de confort et de bien – être pour son personnel nombreux, les remarquables conditions d’hygiène dans lesquelles le travail est effectué, permettent de ne livrer au public que des produits de choix, d’une finesse incomparable, et d’une présentation
inégalable.
La « Société des Parfums d’Arys », dans son usine de Courbevoie occupe un personnel de plusieurs centaines d’ouvriers et d’ouvrières, elle utilise une force motrice de 350 HP: son service de livraisons possède 9 voitures et voiturettes ; pour aider à l’importance croissante de sa production, elle a dû créer de nombreux services annexes, dont quelques-uns sont devenus de véritables usines ; elle possède des ateliers de réparations d’automobiles, des fabriques de caisses, des fabriques de cartonnages et de gainerie, une imprimerie, une verrerie où sont fabriqués tous ses flaconnages d’art.
Dotée de ces moyens puissants, la « Société des Parfums d’Arys » a su s’élever en peu d’années au premier rang parmi les grandes marques de parfumerie.
Les dénominations de ses parfums, de formule toute nouvelle, sont dans toutes les mémoires ; elles ont opéré une transformation profonde de la parfumerie moderne et ont valu à cette industrie française si réputée dans le monde entier, une vogue nouvelle, revivifiée et rajeunie.
Aidée par une publicité intensive et intelligente, par une connaissance très avertie des marchés étrangers, les parfums d’Arys ont conquis le monde entier.
Des prospectus et des brochures sont envoyés chaque année par milliers dans tous les pays de
langue anglaise, espagnole, italienne, portugaise et allemande. Ils font connaître les produits de
marque, et exaltent très haut le bon goût français.
L’extension des affaires à l’étranger a permis d’envisager la fabrication sur place des produits
Arys.
Une filiale a été créée à Milan, elle occupe aujourd’hui une superficie de 8.000 mètres. D’autres usines sont nées et fonctionnent à Barcelone, à Bruxelles, à Budapest, sous la direction
de spécialistes français ; d’autres sont à l’étude et naîtront bientôt en Angleterre, en Roumanie,
au Chili, en Tchéco-Slovaquie, etc., qui contribuent déjà et contribueront de plus en plus à la
diffusion de nos industries de luxe, et à l’expansion de l’influence française à l’étranger.
Des contrats passés tout récemment avec une puissante compagnie américaine nous ont permis de devenir l’un des principaux exportateurs de parfums aux Etats-Unis, où la marque « Arys », hier connue seulement d’une élite, est en train de conquérir la faveur du grand public.
Toutes ces succursales sont constamment visitées par des inspecteurs très au courant des fabrications nouvelles de la maison de Paris, et connaissant parfaitement les conditions complexes du commerce international.
La « Parfumerie Arys », grâce à ses efforts, à sa tenue remarquable, a su acquérir le titre de :
Fournisseur breveté de la Maison Royale d’Espagne, Fournisseur de la Maison Royale de Norvège. Fournisseur du Bey de Tunis.
Elle eut partout dans les expositions les premières récompenses. »
Illustrations et source: Gallica/BNF