E.T. à Courbevoie : Emile Tonneline, carrossier de l’improbable

Bien avant Spielberg, Emile Tonneline avait popularisé les initiales E.T. en France et à l’étranger. Dans les années trente, ce carrossier indépendant s’était installé 22-26 rue Louis Blanc à Courbevoie et avait imposé sa griffe auprès des amateurs d’automobiles élégantes. L’entreprise aurait interrompu ses activités en 1957, année où Citroën a mis fin à la production de sa célèbre traction dont l’équipement était devenu le cœur de métier d’E.T.

Voici comment France Illustration présentait les établissements en décembre 1946 au moment du Salon de l’Automobile:

LES SPÉCIALITÉS E. T.
Ce stand a été particulièrement remarqué parmi les nombreuses spécialités présentées et qui sont toutes d’un précieux concours à l’automobiliste avisé qui, faute de mieux, use sa fidèle voiture de 1939.
On peut citer entre autres, et au premier chef, la calandre E. T., adaptable à Citroën, Rosengart 6 CV et Simca 5 et 8 CV, qui donne une allure très 1946.
De plus citons l’équipement américain E. T. adaptable à toutes les tractions et les transformant en voitures de concours d’élégance.
Nous rappelons que cette maison construit de nombreux accessoires indispensables aux voitures tourisme et poids lourds : feux de position, feu d’ailes, flèches indicatrices de direction, arrêts de portes, etc. Et la vulcanisation Emil-Tonne déjà bien connue.

Interrompues par la deuxième guerre mondiale, les activités de l’entreprise repartent de plus belle à la Libération.

Tonneline est très influencé par les belles Américaines Buick, Cadillac, Chrysler… Les Citroën Traction deviennent une gamme à part et bénéficient de ces carrosseries de style outre -atlantique qui font rêver les Français avec une calandre arrondie, des ailes élargies et des volets spécifiques.

Il fabrique pour la police un modèle unique adapté aux dispositifs de communication.

Comme de nombreux carrossiers, les activités de E.T. ne se bornent pas à l’automobile, il travaillera également pour l’aéronautique. C’est ainsi que les établissements Tonneline vont participer à un projet improbable qui restera dans les annales de l’aviation.

René Riout

Un ingénieur, René Riout, travaille depuis 1913 à un projet d’un type particulier d’objet volant difficilement identifiable, celui de l’orthoptère, un « avion » qui bat des ailes pour voler.

Un premier prototype était à l’étude avant la première guerre mondiale et Rioult se met en tête d’aller au bout de cette idée en réalisant un nouvel engin de ce type équipé cette fois de deux paires d’ailes, qu’il baptise Alérion, plus précisément le Riout 102T Alérion.

Le projet est homologué par l’Armée de l’Air le 23 avril 1937 et Riout peut entreprendre la construction de deux prototypes.

Un chassis tubulaire est recouvert de plaque d’aluminium par les ateliers courbevoisiens d’Emile Tonneline.

Malheureusement, en 1938, un des deux appareils ne supporte pas les tests en soufflerie et le projet est abandonné pour cause de guerre mondiale imminente. Ce qu’il reste de l’orthoptère est exposé au Musée Espace Air Passion d’Angers.

De nombreux passionnés d’aviation estiment que ce projet a inspiré l’auteur de science-fiction Frank Herbert  qui a décrit des orthoptères dans son célèbre roman Dune publié en 1965.

Ce qui fait de notre E.T. courbevoisien un acteur important de la science-fiction.

avril1938

 

Pour en savoir plus sur le Riout 102T Alérion, regardez la vidéo d’Ed Nash, spécialiste américain de l’aviation sur Youtube

autres sources: